Le 11e Congrès international du tourisme autochtone, qui se déroule actuellement au Centre Shaw d'Ottawa, se positionne comme le plus grand rassemblement mondial de ce genre. Cet événement annuel offre une opportunité idéale aux acteurs de cette industrie pour discuter des défis à relever, tout en maintenant l'objectif de faire du Canada le leader international du tourisme autochtone.
Pendant trois jours, le congrès, organisé par l'Association touristique autochtone du Canada (ATAC), permet aux participants d'assister à de multiples conférences et discussions abordant des thèmes liés à l'amélioration des performances de leurs entreprises, ainsi qu'aux grandes questions entourant le tourisme en milieu autochtone.
Selon Sébastien Desnoyers-Picard, vice-président de l'ATAC, l'événement ne cesse de croître d'année en année, dépassant désormais le cap des 1000 délégués. Pour ce 11e congrès, des représentants autochtones d'une dizaine de pays participent, tous cherchant à développer leurs industries touristiques.
Se définissant comme un "gars de marketing", Sébastien Desnoyers-Picard se sent parfaitement à l'aise au sein de l'ATAC, dont le mandat principal est de promouvoir les attraits du tourisme autochtone au pays et à l'international. L'organisme à but non lucratif existe depuis 2015.
Les Autochtones sont les seuls à pouvoir offrir de telles expériences aux visiteurs. Des expériences authentiques centrées sur les territoires et les pratiques traditionnelles. Pour plusieurs communautés, c'est également une manière de sensibiliser aux enjeux auxquels elles doivent faire face, explique le membre de la Nation huronne-wendat.
Il s'agit également d'un secteur d'activité économique géré par les communautés, créant ainsi un esprit "par et pour" les Autochtones.
Le congrès annuel sert bien les intérêts de l'organisation en offrant une occasion exceptionnelle de rencontres, de discussions et de réseautage.
"Les entrepreneurs peuvent venir apprendre comment s'améliorer, mieux se préparer contre certaines crises, mieux raconter nos histoires, mieux travailler avec les médias, devenir de meilleurs partenaires financiers", résume-t-il, se réjouissant de voir un lieu où les gens sont également "heureux de se rencontrer et de partager leurs expériences".
Un objectif ambitieux
Pour l'Association touristique autochtone du Canada, l'intention est claire : faire du Canada le leader mondial du tourisme autochtone d'ici 2030, contribuant jusqu'à 6 milliards de dollars annuellement au PIB.
Un objectif ambitieux, bien que le pays soit déjà bien positionné dans ce domaine.
Le Canada est l'un des pays ayant la meilleure industrie de tourisme autochtone aux côtés de la Nouvelle-Zélande, des États-Unis et de l'Australie. Cependant, il n'est pas encore la première destination à laquelle pensent directement les touristes internationaux lorsqu'ils souhaitent expérimenter le tourisme autochtone, explique Sébastien Desnoyers-Picard.
Cependant, l'objectif n'est pas de créer une rivalité, que ce soit avec les nations autochtones d'autres pays ou avec d'autres secteurs de l'industrie touristique au Canada.
Selon lui, le principal défi des années à venir restera la question des investissements, notamment au niveau gouvernemental.
Cette année, aucune aide financière n'a été reçue du gouvernement pour l'organisation de notre congrès, et très peu pour nos activités en général. Pour un événement d'envergure internationale générant des retombées économiques sur le territoire canadien par la suite, c'est décevant. Nous avons réussi à le faire quand même, mais organiser cela à la fin de l'année fiscale a été un gros risque, analyse M. Desnoyers-Picard.
Selon lui, le climat économique actuel laisse penser que le budget fédéral du mois prochain ne comprendra pas de gros investissements dans le tourisme autochtone, même si ce dernier a été désigné comme priorité dans la stratégie fédérale pour la croissance du tourisme.
"Nous sommes réalistes, nous ne demandons pas simplement de l'argent. Mais le tourisme autochtone aurait besoin d'un fonds d'investissement pour atteindre son plein potentiel. Et cela serait dans l'intérêt de tous", exprime M. Desnoyers-Picard.