L'industrie touristique n'aura probablement pas récupéré tout le terrain perdu avant l'année prochaine, prédit Destination Canada, même si la reprise est déjà plus vigoureuse que prévu.
Dans un nouveau rapport, la société d'État prévoit que le nombre de visites d'agrément et d'affaires avec nuitées au pays sera inférieur de 2 % en 2023 par rapport aux niveaux de 2019. Les projections indiquent qu'en 2024, ce nombre dépassera légèrement les chiffres d'avant la pandémie.
Destination Canada, qui promeut le tourisme à travers le pays, a déclaré que les dépenses nominales dans le secteur atteindront 109,5 milliards en 2023, dépassant les niveaux de 2019, soit environ 105 milliards.
Cependant, le total pour cette année a été influencé par l'inflation et devrait atteindre environ 122 milliards pour égaler les dépenses d'avant la pandémie en dollars constants, selon le calculateur d'inflation de la Banque du Canada.
"Les dépenses ont, évidemment, été soutenues par l'inflation", reconnaît Meaghan Ferrigno, responsable des données et de l'analytique de Destination Canada, lors d'une entrevue.
Mesurés en valeur réelle, les revenus de l'industrie touristique pourraient ne pas atteindre ceux de 2019 avant deux à trois ans, ajoute-t-elle.
Un aspect positif est l'importance que beaucoup accordent encore aux voyages, même si les taux d'intérêt pèsent davantage sur le revenu disponible.
"Les voyages restent une priorité essentielle pour les consommateurs. Même dans le climat économique actuel, les consommateurs internationaux consacrent une plus grande part de leur portefeuille aux expériences plutôt qu'aux biens. C'est ce qui soutient réellement la reprise", explique Mme Ferrigno.
Le rapport estime que le secteur du tourisme a le potentiel d'atteindre 160 milliards annuellement d'ici 2030. Cependant, les "contraintes de capacité" pourraient limiter ce total à 140 milliards de dollars, "ce qui, une fois ajusté à l'inflation, ne représente aucune croissance réelle".
Attirer des touristes plus fortunés, recruter de la main-d'œuvre et accueillir davantage de visiteurs en dehors de la haute saison sont tous des éléments qui favoriseraient la croissance de l'industrie, ajoute Marsha Walden, présidente et directrice générale de l'organisation. "Il s'agit d'un véritable moment charnière pour notre industrie", déclare-t-elle dans un communiqué.
Le taux de croissance annuel projeté du secteur touristique est d'environ 6 % jusqu'en 2030, ce qui devrait être supérieur à la croissance économique au Canada, selon le rapport. Cependant, ce rythme semble lent comparé à la croissance des revenus touristiques mondiaux, qui devraient augmenter de plus de 7 % par an.
"D'autres pays ont vraiment amélioré leur jeu, et le Canada n'a pas suivi le rythme", constate Mme Ferrigno, qui cite les investissements publics et privés dans le tourisme dans d'autres pays du G7.
Malgré tout, elle souligne que le Canada demeure parmi les principales destinations long-courriers pour cinq de ses marchés clés : les États-Unis, le Royaume-Uni, le Mexique, la France et l'Allemagne.
La société d'État a déclaré que les loisirs constituaient le principal moteur de l'industrie du voyage au cours des deux dernières années, atteignant les niveaux d'avant la pandémie en 2022 avec 72,4 milliards de revenus. Désormais, les voyages d'affaires entament enfin leur reprise, un élément essentiel pour remplir les hôtels, les restaurants et les centres de conférence en dehors de la haute saison.
"Nous voyons des signes favorables à la reprise pour l'année prochaine, mais les événements se dérouleront, en fait, dans deux ou trois ans", nuance Mme Ferrigno. "C'est là que vous verrez un revirement plus important."
Même si les revenus du tourisme augmentent comme prévu, les coûts tels que la main-d'œuvre, la nourriture et le carburant augmentent également.
"Les entreprises, grandes comme petites, à travers le Canada, ressentent vraiment cette baisse de rentabilité."